La question est permanente. Quelle différence entre un boitier plein format et un boitier APS-C. Ces 2 photos sont intéressantes. Les photos de cette magnifique hirondelle rousseline ont été prises en parallèle par Eliane et moi. Eliane avec un R6 (plein format) et moi avec un R7 (APS-C). Même objectif pour les deux, un Canon RF 100-500. Les photos sont en post traitement identique, à part un recadrage moins prononcé pour le R7 qui a un facteur multiplicateur 1,6
La dernière touche impossible pour un affût, le camouflage de l'objectif. De nombreuses fois j'ai été confronté à un animal intrigué par cet élément noir et rond (rare dans la nature). A moins de 10-15m, il est vraisemblablement ressenti comme un oeil. Pour le renard c'est une fuite assurée alors que les chevreuils sont plus dans l'observation, l'attente.
Mois de janvier, 69 photos retenues sur vraisemblablement 700-800 photos. Mais combien d'heures ?
Ces derniers mois sont difficiles. Des aléas météo (printemps 2021 pourri, sécheresse été 2022, température élevée en toute saison) ont diminué le nombre d'oiseaux, les mammifères se calfeutrent dans les forêts, les micromammifères sont en faible densité...en résumé la nature est vide et le nombre de contacts plus rare. Janvier, pour 69 photos acceptables c'est 50-60 heures d'affût en température souvent négative. Heureusement, souvent il y a des observations, moments de vie, sans potentiel photo, qui ponctuent ces attentes.
Un affût par -11°c et plus de 60cm de neige. Léger vent du nord, je n'ai pas d'autres choix que de m'installer sur une coulée (passage d'animaux). Mais normalement ils vont sentir mon odeur et quitteront cette coulée en amont. Ben non...surprise, après plus d'une heure d'affût, j'entends soudainement dans mon dos une respiration/halètement. Un renard est arrivé par l'arrière et a quasiment buté sur mon affût (mon affût, c'est une chaise pliante et un grand drap camouflage hiver avec une ouverture pour l'objectif et une ouverture filet pour la visualisation). Comme quoi, les odeurs...
Vous le savez, je suis fan de l'affût. Pour moi c'est la seule technique qui préserve la tranquillité du milieu et qui permet des observations/photos naturelles, sans stress. Je vois tellement de photos d'animaux en vigilance extrême ou en fuite. Hormis les différentes techniques d'affûts, il y a un point qu'il faut impérativement retenir, surtout avec les canidés qui pistent en permanence...c'est l'importance de choisir un bon cheminement pour rejoindre votre poste d'affût. Mes observations sont claires, un canidé qui bute sur un passage humain va changer d'itinéraire...il va rebrousser chemin. Observation après 1 heure de passage...combien de temps, la trace va dissuader l'animal ? Mystère, je pense que cela dépend de beaucoup de paramètres (température, vent, humidité, support.) . Il faut donc faire une bonne réflexion sur ce cheminement. Dans l'exemple ci-dessous, l'itinéraire vert permet de préserver les bordures de forêt qui sont souvent les cheminements naturels. Ainsi à l'affût je vais garder le potentiel sur les deux bordures de forêt.
Toujours un dilemme de faire des photos en plein format (24x36) ou APS-C (25,1x16.7). Pertes de finesse, netteté, bokeh, profondeur de champ...mais facteur d'agrandissement 1,6 avec Canon. Ci-dessous deux photos faites au même moment avec le même objectif (RF 100x500) avec un cadrage identique
Ce matin, affût raté. En arrivant au lever du jour, un renard était sur place et m'a repéré. Heureusement plusieurs renards fréquentent la zone. J'évalue mal le vent et constate après 30 minutes que je suis à mauvais vent. Changement de position. Malheureusement, j'ai pollué la zone et le résultat ne se fait pas attendre. Après 15 minutes, un renard sort sur ma gauche et croise mon précédent cheminement. Ni une, ni deux... il fait demi-tour et s'éclipse à toutes pattes. Leçon : une attention particulière sur le cheminement pour se rendre à un affût. Ne pas croiser, longer les cheminements naturels de la faune.
J'aimerai par ces quelques lignes, souligner l'importance de l'approche d'une zone naturelle, de l'importance de ne pas farfouiller à la recherche de sujets photographiques...
Trop souvent je suis témoin de comportements d'intrusions sans réflexion dans des zones naturelles. Je pense aux forêts, zones broussailleuses, zones humides... ou de photographes qui sondent à droite, à gauche dans le milieu.
Quand on aborde une zone naturelle, il est important de faire une réflexion sur carte/images satellites, in situ et d'identifier :
- Où sont les zones de tranquillités, repos de la faune
- Où se trouvent les zones d'alimentation, de parades
- Où se trouvent les zones d'activités humaines
- Où se trouvent les cheminements humains (routes, chemins pédestres)
- Où se trouvent les cheminements de la faune (couloirs, sorties de broussailles/forêt)
A partir de ces infos vous allez certainement localiser une zone à forte probabilité de présence et établir un plan d'approche et positionnement de votre affût en restant en périphérie de la zone de repos.
Souvent il faudra renoncer à votre plan ou votre plan ne sera valable que par certains vents, qu'à un certain moment de la journée, qu'après une pluie (bruit)...etc
Cette méthode d'approche rend d'autant plus intéressante notre passion qu'elle préservera la tranquillité de la faune et augmentera le succès de rencontres sans dérangement. La faune vit sa vie, nous en sommes que des témoins.
L'arrivée des appareils photos mirorless (hybrides) va de paire avec une incroyable capacité à faire des photos acceptables avec des ISO élevés. 100000 ISO est un niveau devenu acceptable suivant les lumières, environnement. En photo animalière, particulièrement pour les mammifères, cela ouvre des perspectives incroyables aux petites heures du matin. En plus d'un déclenchement silencieux, d'une visée correspondant aux réglages...on a des capacités de montée en ISO jamais espérées. Associé à un logiciel spécialisé pour la gestion du bruit comme DXO Photolab, on fait presque des miracles. Il faut oser...
Avant d'entrer sur le terrain, il est très utile de passer par la carte topo et la photo satellite. Afin d'avoir une vison d'ensemble de la région, de déterminer les zones de tranquillités, les zones attractives, les obstacles, les zones d'activités humaines. Cela permet d'avoir une première idée des zones d'affûts potentiels en fonction de la lumière et de l'acheminement au point d'affût. Evidemment les stratégies seront différentes selon les espèces que l'on espère.